levé de soleil rocher du lion

Est-il encore temps de sauver la planète ?

Nous sommes, Maxime et moi, profondément habités par l’envie d’agir face aux catastrophes qu’est en train de subir l’environnement. Catastrophes climatiques, avec des glaciers, des banquises qui fondent bien trop vite, avec des inondations, des sécheresses, des tsunamis, des ouragans plus forts, plus imprévisibles, plus fréquents. Catastrophes écologiques avec 50 % des espèces vivantes qui ont disparues dans les 40 dernières années [1], avec des milliers d’hectares de forêts brûlés chaque année pour l’élevage [2], avec des braconnages des espèces protégées comme les baleines ou les rhinocéros, avec des espèces invasives ou des maladies qui impactent des écosystèmes entiers à cause d’une mondialisation des transports de marchandise, comme la renoué du Japon, la pyrale du buis ou le frelon asiatique. Pourtant, nous sommes désemparés. Comment agir de manière efficace ? Car il s’agit d’être rapides : Nous avons peut-être déjà franchi le point de non-retour…

Nous parlons souvent des rapports du GIEC [3]. Qui d’entre nous les a lus ? En fait, pas grand monde, ça reste un truc qu’on laisse aux experts, aux scientifiques et aux politiques. Ou aux passionnés. Nous non plus on a pas tout lu, parce qu’avant d’arriver au bout, nous tournait dans la tête la question « Qu’est que je peux faire, moi ? »

Qui sait depuis combien de temps le GIEC existe ? 1988. Si en 88, on a créé le GIEC, était-ce seulement dans l’hypothèse qu’il y ait quelque chose à surveiller à propos du climat ? Non, bien sûr. Si on l’a créé, c’est que déjà étaient alarmants les constats qu’on pouvait faire, et qu’il paraissait urgent et nécessaire que tous les décideurs de la planète aient à leur disposition la même information.

On vous encourage à regarder cette courte vidéo qui explique très clairement le rapport du GIEC de 2018.

Qu’est-ce qui a changé depuis 88 ? Prend-on en compte l’environnement dans les choix politiques ? L’environnement est-il un des critères à valider pour laisser libre cours au profit ? Se soucie-t-on de l’environnement en amont des décisions politiques et économiques à prendre ? Oui on en parle, on essaie de justifier les choix qui sont faits grâce à leur impact environnemental, mais ce n’est pas une cause de la décision, c’est un argument politique pour dire « regardez, on y a pensé ». En d’autres termes, on appelle cela le greenwashing [4].

Rien n’a changé. Et essuyons-nous le fard qu’on nous a mis aux yeux : interdire les sacs plastiques [5], les pailles et les cotons-tiges, le roundup ou la pêche à la baleine ne sont pas des actions qui changent quoi que ce soit. Bien sûr, c’est déjà un premier pas, on se rassure, on essaie de se dire que c’est mieux que rien, qu’après tout on fait déjà quelque chose… Mais ce sont des sujets à la marge des réels problèmes en question, comme dire qu’on met des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, lorsqu’on parle de l’impact qu’ont les centrales à charbons – auxquelles on ne touche pas, qui rejettent 32,5 milliard de tonnes de CO2 par an [6], ce qui… Ne nous parle pas trop ! Pour donner un ordre d’idée, 1 tonne de CO2, c’est aller-retour Paris-New York en avion. Et un Français émet en moyenne 12 tonnes d’équivalent CO2 par an. Or pour éviter que l’augmentation des températures ne dépasse les 2°C d’ici 2050, chaque habitant de la planète ne devrait pas émettre plus de 2,1 tonnes de CO ! [7]. Pour revenir au charbon, Cela représente 30 % de l’énergie mondiale produite [8], sous-entendu, on ne peut pas s’en passer d’un claquement de doigt.

Qui a interdit les sacs plastiques déjà ?

Crédit : GéoConfluences ENS-Lyon [9]

Est-ce qu’on peut croire, aujourd’hui, à l’efficacité d’une action de ce genre, si elle n’est pas mise en route à l’échelle mondiale ? La Chine interdit l’utilisation des sacs plastiques sur son sol en 2008. Bravo ! Mais… Pourquoi continue-t-elle à en produire pour les autres ? Est-ce que l’argent serait encore une fois plus fort que des décisions censées, raisonnables, honnêtes et honorables ? Oui bien sûr. Qui doute encore de la réponse ? 🙂

L’écologie, d’accord, si ça rapporte !

Jean Marc Jancovici, président de Shift Project, propose avec son équipe « 9 propositions pour que l’Europe change d’ère » [10], un livre très bien résumé dans la vidéo suivante :

Que voit-on en filigrane, derrière chacune des 9 propositions ?

Que les actions des petites gens ne servent à rien, vous savez, quand on nous disait « arrête l’eau quand tu te brosses les dents », ou « éteins la lumière ! », ou encore « ne déchire pas les papiers que tu mets à la poubelle, ça casse les fibres, c’est pas bon pour le recyclage »… Et bien on nous a bien occupé l’esprit n’est-ce pas ? Pendant ce temps, on ne s’occupe pas de nos adorables grosses entreprises, toutes contentes de pouvoir continuer leur commerce en toute impunité. Par exemple, pendant qu’on nous embête avec des vignettes sur nos voitures, nous interdisant de rouler les jours pairs ou impairs (je ne sais jamais) lors des pics de pollution, la France détaxe les avions sur le carburant, afin de les encourager à se développer. Est-ce qu’on marche sur la tête ? Même le train est taxé sur l’électricité qu’il consomme ! Mais pas les avions ? Qu’en 1944, on ait décidé de ne pas taxer le kérosène sur les vols internationaux pour développer le transport aérien, Soit. À l’époque, on ne connaissait encore pas l’impact que ça aurait sur l’environnement. Mais depuis, il y a quand même des choses qui ont évolué ! Et le transport aérien n’est plus à développer. Et cette interdiction concerne l’international, on pourrait déjà taxer sur le sol français ? [11] Alors non, les actions des petites gens, c’est parfait pour faire de l’éducation, de la prise de conscience. Mais pas un réel changement.

Jancovici est assez clair : décisions imposées par l’état ou l’Europe, ce qu’il appelle les « voies réglementaires », ou rien. Cela vous rappelle sans doute la conclusion de la vidéo du GIEC…

Qu’est-ce qui peut contraindre l’économie à arrêter un commerce qui fonctionne encore, mis-à-part les voies réglementaires ? Vous sentez-vous en capacité de faire fermer les centrales à charbons, vous en tant que citoyen ? Nous non. Vous en tant que groupe de citoyen alors ? Êtes-vous écoutés lorsque ensemble vous dites « stop » aux centrales à charbon ? Non plus, sans doute parce que vous êtes minoritaires [12]. On aperçoit assez clairement ici que nous ne sommes pas décisionnaires, et que notre avis importe peu, aussi nombreux soit-on à se mobiliser – toujours trop peu par rapport à la population globale. D’autant plus que notre pouvoir, s’il en est un, s’arrête aux limites de la France, ou de l’Europe dans certains cas. Quid des centrales à charbon des autres coins de la planète ?

Le constat est le même dans tous les milieux d’action. On interdit la chasse à la baleine en 86 ! Super ! Ah non en fait, L’islande, la Norvège et maintenant le Japon[13] ne font pas partie de la commission, et continuent à exploiter ces cétacés en voie de disparition. Le Japon, qui a été signataire pendant 30 ans, ne s’était pourtant jamais arrêté d’exploiter cette pêche, en tuant 122 baleines enceinte en 2018 dans les mers arctiques, sous couvert de recherche scientifique [14].

Et malgré de nombreuses associations (dont Sea Shepherd), rien ne permet de stopper cette décision. Alors, sur le site de Sea Shepherd, on peut lire en gros une citation de Victor Hugo, « Il vient une heure où protester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l’action ».

Une action efficace, c’est possible ?

Connaissez-vous la fable du colibri ? À l’origine du mouvement homonyme lancé par Pierre Rabhi, la légende d’origine Quechua est maintenant très connue :

« Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux, terrifiés, atterrés, observaient, impuissants, le désastre. Seule le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : je le sais, mais, moi, je fais ma part. »

L’histoire ainsi racontée est incomplète, et sa fin mérite d’être dévoilée : 

« Le tatou poursuivit : Colibri ! Sais-tu que plusieurs centaines d’hommes armés de lance-flammes sont en train d’allumer des feux partout à travers ce qu’il reste de forêt ? Ils ont aussi empoisonné l’eau que tu tiens dans ton bec. Mais le colibri, qui volait vers les flammes, était déjà loin. Soudain, un sanglier entreprit de charger les hommes. De ses défenses, il perçait les réservoirs d’essence et les jambes des pyromanes. Le tatou, découvrant la scène, effrayé, interpela le sanglier : Tu es fou ! Tu discrédites les efforts du colibri. À mettre les humains en colère, tu risques ta vie, et celle de tous les animaux de la forêt ! A quoi le sanglier répondit : Réveille-toi tatou, je fais le nécessaire. »

Devant ces problèmes d’échelle mondiale, où les maîtres du jeu sont les détenteurs de gros capitaux ou d’un petit pouvoir institutionnel, avons-nous vraiment la capacité de passer à une action « efficace » ? Parce que brasser du vent comme le petit colibri, ça va bien 5 minutes, mais on en est à un stade où l’égoïsme de bonne conscience qu’a le colibri en disant « Moi, au moins, j’aurai fait ma part » n’est pas constructif. Il ne sert à rien, le colibri devant le feu de forêt. Et sa bonne conscience ne lui servira pas plus quand il aura cramé.

Quelles seraient nos alternatives ? Faire la grève ? Ça marche pas – sauf si on la fait massivement. Mais les grèves massives, c’est malheureusement d’une autre envergure que les gilets jaunes, qui sont déjà beaucoup… Utiliser la force ? Nous refusons de construire le monde de Demain sur la violence. Une société est à l’image de ses créateurs, et si elle a été instituée par la force, c’est aussi par la force qu’elle tombera. Non, la violence n’est pas une solution qui permette d’avoir espoir en l’avenir. Que nous reste-t-il alors ? Ne pas agir ? Certains, dont Pablo Servigné, pensent effectivement qu’il vaut mieux laisser la voiture foncer dans le mur plutôt que de chercher à l’en dévier, car une voiture sans pilote finira toujours dans un mur, et que la dévier une fois ne la sauvera pas du prochain obstacle [15]. Mais quel avenir nous propose cette option ? Ce n’est pas par l’inaction et la passivité que nous construirons Demain. Qu’on laisse s’effondrer Aujourd’hui, parce qu’on a pas d’alternative convaincante, OK, mais il faut s’atteler à Demain.

Venons-en au fait, il n’y a pas d’action efficace que l’on puisse mener à notre niveau, pour provoquer de manière significative un changement global.

La seule action efficace, c’est commencer dès aujourd’hui à construire Demain. Le monde tel qu’on le connaît s’écroulera, qu’on tente de l’en empêcher ou non. Ce que nous devons faire maintenant, c’est construire là où nous sommes les havres de paix et d’espoir que nous voulons voir fleurir demain. C’est œuvrer au local, à redonner vie à la proximité, c’est renaître des cendres de la globalisation.

Cela ne résout pas toutes les questions. A quoi cela sert de construire de belles choses localement, si c’est pour les voir réduites en poussière par une catastrophe nucléaire, une guerre du pétrole ou de l’eau, ou l’avidité ou la désapprobation de quelques puissants … ?

Avons-nous les moyens, actuellement, d’empêcher une telle catastrophe ? Non. Et nous ne l’aurons jamais. Alors s’il doit y avoir un avenir, autant le préparer dès maintenant. Il se peut que ce soit voué à l’échec. Mais dans l’éventualité où il y a un avenir, il est probable que ce soit là le terreau pour que les graines des futures sociétés puissent naître. Et là, nous avons du pouvoir. Là, nous sommes acteurs. En d’autres termes, n’ayons pas peur de l’avenir, agissons même sans certitude de réussite, car c’est l’existence d’une alternative qui permet le changement.

Laissons s’écrouler le système gangrené, il n’a pas besoin de nous pour ça. Essayons juste de sauver le maximum de ce que nous pouvons, de l’environnement, des acquis sociaux, et de notre humanité.

Nous finirons par un message que nous développerons bientôt.

Construire l’avenir, c’est le voir comme nous voudrions le vivre. C’est ancrer dans nos imaginaires autre chose que des films de zombies, de catastrophes planétaires ou d’invasions extraterrestre qui nous réduisent à l’esclavage. L’avenir peut être Beau, mais c’est à nous, dès à présent, de proposer autre chose que ces visions d’horreur et de peur avec lesquelles on nous biberonne.

Alors agissons : Rêvons notre avenir, partageons ce rêve, commençons à le bâtir à notre échelle. c’est ainsi qu’il peut devenir réalité !


[1] CF rapport 2014 https://www.wwf.fr/champs-daction/rapport-planete-vivante
[2] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/30/la-foret-amazonienne-brulee-par-l-industrie-de-l-elevage_5504493_3232.html
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Greenwashing
[5] https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/interdiction-des-sacs-plastiques-quel-bilan-apres-deux-ans_3120337.html
[6] https://yearbook.enerdata.net/co2-fuel-combustion/CO2-emissions-data-from-fuel-combustion.html
[7] https://www.consoglobe.com/represente-tonne-c02-4127-cg
[8] http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-0061381
[9] http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/interdiction-sacs-plastiques-monde
[10] https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/environnement-developpement-durable/decarbonons-_9782738138804.php
[11] https://www.franceinter.fr/environnement/le-kerosene-carburant-le-plus-polluant-et-pas-taxe
[12] https://www.lepoint.fr/monde/allemagne-5-000-militants-climatiques-prets-a-bloquer-une-mine-de-charbon-21-06-2019-2320213_24.php
[13] http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190630-le-japon-relance-reprend-chasse-commerciale-baleine
[14] http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20180531-japon-expedition-chasse-baleines-enceintes-122
[15] Article très bien construit, le lire en entier ! http://www.lcr-lagauche.org/pablo-servigne-et-rafael-stevens-ou-leffondrement-dans-la-joie/

Pour aller plus loin : https://www.deepgreenresistance.fr/
Piqûre de rappel sur l’état de notre monde : https://www.francetvinfo.fr/en-image/en-images-notre-dame-fukushima-13-novembre-coupe-du-monde-la-decennie-2010-resumee-en-100-photos_3742841.html

Une réflexion sur « Est-il encore temps de sauver la planète ? »

  1. J’ai lu avec grand intérêt votre article et a laquelle je souscris.
    A mon sens tant que le cœur de l’homme ne change pas rien ne changera. Tant que l’homme se verra comme tout puissant sans Dieu, rien ne pourra changer. Tant que l’homme vivra dans la frénésie de l’immédiateté il ne pourra rejoindre le temps de Dieu qui est paix, patience, douceur, beauté, bonté, fraternité. Tant que l’homme ne reconnaîtra pas Dieu comme seul créateur, il ne pourra respecter sa création et vivre avec elle en harmonie.
    Nous Chrétien qui savons, avons une lourde responsabilité. Au moins prions pour que l’homme ouvre les yeux et fasse parler son cœur avant ses intérêts.
    L’art et la prière n’ont jamais été autant nécessaires.
    Courage et confiance.
    belle navigation à vous
    Pascal
    un ami de Blandine rencontrée sur le chemin d’Assise

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