Contemplation

Un voyage sans polluer ?

Nous allons partir, en voilier, pour toucher du doigt l’aventure, poser un sillage dans l’immensité du livre bleu océan, toucher de notre plume une parcelle de notre âme. Pourtant, bien que nous cherchions la Poésie, la Beauté, l’Amour du monde qui nous entoure – qui sont les sources de l’espérance – nous gardons les pieds sur terre. D’ailleurs, c’est parce que nous sommes bassement les pieds dans la boue, que nous cherchons à en sortir…

Les pieds dans la boue, parce que quoi qu’on en dise, nous polluons. Nous cherchons à montrer un exemple. Un exemple de voyage lent, à vitesse humaine, un voyage à l’impact environnemental réduit, mais non nul, un exemple de mode de vie plus simple, et pourtant toujours dépendant d’une société.

Le pire, c’est que même en refusant certains penchants de la société, nous y avons eu recours, tenus que nous sommes par des règles du jeu qui nous sont – ou que nous nous sommes – imposées.

Par exemple, nous connaissons tous le massacre qu’est l’achat en ligne. Massacre pour les emplois et la précarité des personnes qui travaillent dans les centre de mise en conditionnement des colis, des milliers d’heures, grignotées minutes après minutes, non payées aux employés, des impôts pas payés sur les sols où ils sont implantés (non non, Amazon ne paie pas d’impôts en France[1]. Mais rassurez-vous ce n’est pas le seul : Mac Donald, Google, Facebook… pour ne citer qu’eux, font un chiffre d’affaire énorme, sans verser un seul centime pour le bon fonctionnement de notre système français, qu’ils pompent pourtant à grandes goulées)…

Bref. Non, le monde de la consommation par internet, qui fait totalement disparaître ceux qui bossent aux yeux du consommateur, n’est pas beau, il est horriblement laid. Et pourtant, parce que nous n’avons pas les moyens financiers d’aller acheter notre matériel dans des boutiques qui ont pignon sur rue, nous sommes passés par internet, où nous trouvons les mêmes produits parfois moitié moins cher.

Nous le savons pourtant : Un prix bas entraîne forcément des conséquences, soit sur le salaire des ouvriers, soit sur l’environnement, soit sur les deux.[2]

Encore un trajet plutôt chargé…

Parce que nous avons peu de temps dans la préparation de notre voyage, et que nous habitons Grenoble alors que notre bateau est à Fréjus, nous faisons des allers-retours en voiture une fois par mois pour le rénover. Oui, en voiture, pas en train ou en vélo. C’est un choix économique en argent (le train coûte plus cher que la voiture) en temps (on met 5 jours à vélo, 5h en voiture), et un privilège que de pouvoir faire les trajets que nous voulons sur place, ou encore de transporter toutes sortes de matériaux lourds et volumineux. Oui, dans notre monde, vivre sans voiture est impensable. Accepter de faire partie de la société occidentale, c’est accepter de se servir d’un véhicule, ou que ceux qui nous entourent le fassent pour nous (parce que tous – même ceux qui n’ont pas de voiture, nous sommes bien contents de recevoir nos colis à domicile, ou de se faire emmener en stop ou en covoit). Comprenez-nous bien : nous ne cherchons pas à dire qu’un monde sans voiture serait mieux. Nous disons juste que l’utilisation actuelle que nous en faisons n’est pas une solution durable.

Nous sommes conscients de l’impact que nous avons et de la noirceur que ça pourrait être d’être copiés et reproduits par d’autres. Nous n’encourageons pas à reproduire. Nous savons que notre exemple n’est pas tout blanc, et nous ne chercherons par à nous excuser avec des banalités.

Nous avons volontairement choisi de ne pas essayer d’aller vers le zéro carbone (y serions-nous arrivé ?) pour pouvoir garder le dialogue avec nos semblables. Essayez de vivre comme tout le monde sans portable, carte bancaire ou compte en banque, juste une semaine. Comme la voiture, ce n’est plus possible, dans notre société. C’est le prix à payer sur son éthique pour pouvoir vivre entouré de ses semblables. C’est le prix à payer pour ne pas être un ermite libre, mais seul et incompris.

Si nous faisons ce projet, si nous acceptons la partie sale qu’il implique, c’est que nous pensons qu’il est plus important d’être des initiateurs du changement écoutés ou écoutables, que des idéalistes perdus on ne sait où dans la nature, sans rien pour communiquer nos convictions et inviter qui le souhaiterait à réfléchir au monde qu’il voudrait pour demain.

C’est un avertissement pour dire que nous encourageons chacun à intérioriser la question suivante : Quel impact ai-je en choisissant de rester dans le société ? Suis-je d’accord d’avoir cet impact sur le monde ?

Nous, on va partir 8 mois en voilier pour tenter de trouver nos réponses, on vous emmène avec nous ? 🙂


[1] https://www.les-crises.fr/alaries-amazon-invisibles/

[2] un article très bien fait, qui cite de bonnes sources. Pourquoi refaire du travail bien fait ? http://www.some-place-called-home.com/2018/01/17/payer-ses-vetements-prix-juste/

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